Le chef spirituel de la Tariqa Alawiya était l’invité ce mardi du forum hebdomadaire. La salle s’est avérée pas assez spacieuse pour contenir l’assistance composée de journalistes, d’universitaires, de curieux. On a même relevé la présence de Monseigneur Teissier, ex Cardinal d’Alger. Il nous a dit être « l’ami de Cheikh Bentounes ».
Il va sans dire que le regard que porte le chef spirituel de la Alawiya sur la religion ne laisse pas indifférent, au moment où l’Islam est souvent associé à la violence par la faute de ceux qui s’en revendiquent en dehors de toute légitimité.
Mais l’invité de Liberté, plutôt que de verser dans la polémique sur la religion, a préféré parler à son auditoire de la chose qui lui tient actuellement le plus à cœur : son initiative du « vivre ensemble ». Il revient d’emblée sur son récent déplacement au siège de l’ONU en pèlerin de cette démarche porteuse de paix et d’amour.
« Je vous demande de m’aider à répandre ce message, à lui donner une portée à la fois individuelle et collective », lance-t-il en s’adressant particulièrement aux journalistes. Cheikh Bentounes, fera un détour historique pour expliquer l’origine de son initiative. «C’est une initiative qui est née dans notre pays, à Oran, lors du congrès féminin international qui s’est déroulé du 28 octobre au 1 novembre 2014 ».
Un congrès, pour rappel, qui avait réuni 3.000 personnes et un large panel d’universitaires qui ont eu à débattre de la problématique de la paix. Cheikh Bentounes, qui alterne dans son intervention humour et anecdotes, pour tenir en haleine son auditoire, dit tenir sa fierté de ce que cette initiative en faveur du « vivre ensemble » soit « une initiative de la société civile d’un pays arabe, musulman, africain qui la propose à l’ONU ».
Et au siège de l’ONU, le chef de la Tariqa Alawiya a dû se mettre en « mode » diplomatique pour faire partager son message. Selon lui, plusieurs pays comme le Chili, le Sénégal, le Mali, la France, les États-Unis, le Bénin y adhérent sans réserve. « J’ai même été reçu également par le conseiller d’Obama aux affaires musulmanes », dira-t-il sans en dire plus.
Pour autant, l’invité de Liberté ne sombre pas dans l’angélisme béat et admet que le travail est long et qu’il « nécessite des efforts et surtout des convictions chevillées ». Et pour cause, les voix de la guerre sont plus fortes que celles de la paix, regrette-t-il en déclinant des chiffres hallucinants de centaines de milliards de dollars pour financer cette violence.
« La violence coûte au monde plus de 9,47 trilliards » (1 trilliard = 1000 milliards de milliards, ndlr) indiquera-t-il tout en ajoutant : « C’est le prix de la violence en 2014 » ! Pour lui, le défi sera d’inverser cette tendance et de démontrer que « la culture de la paix reste plus rentable ».
Outre son initiative de paix, Cheikh Bentounes parlera aussi du fameux dialogue interreligieux en focalisant notamment sur la situation de l’Islam dans le monde. En revanche et comme à son habitude, il n’a pas été de main morte avec le Wahhabisme à qui il impute toutes les turpitudes commises aujourd’hui au nom de l’Islam, « une religion de paix, de tolérance, d’amour du prochain » insiste-t-il.
Il met le doigt aussi sur la puissance financière mise au service de la promotion de la version wahhabite de l’Islam. « L‘université de Médine produit 45.000 imams pour 110 pays. Alors imaginez à combien de personnes ils s’adressent dans leur prêches wahhabites et salafistes !», dit-il.
Face à cette puissance financière, il admet que « ce n’est pas facile de résister ». C’est un peu David contre Goliath, mais il faut se battre pacifiquement. Sans vouloir être polémique, le chef de la Tariqa Alawiya, vilipendera « les discours de haine lancés par les intégristes ».
Source: http://www.algerie1.com/actualite/forum-de-liberte-cheikh-khaled-bentounes-en-messager-du-vivre-ensemble/
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